Durant mon séjour en Isaan en juillet 2008 j'ai été particulièrement bien accueilli par toute la
famille de Leuagn. Comme par ailleurs je lui avais offert une bague à Bangkok en attendant son visa Schengen pour lui montrer mon amour nous étions déjà considérés comme
fiancés car j'étais un "farang" - un étranger.
Bien que "farangset" - français - ils m'ont considéré en tant que futur conjoint de Leuagn et à ce titre je suis devenu membre de la famille tout de suite parce qu'ils avaient confiance
en moi et qu'ils savaient que notre relation était sérieuse. Ils ne m'ont pas seulement ouverts leurs portes mais ils ont tout fait pour qu'en permanence je me sente bien et en aucun
cas rejeté.
Ainsi je les ai accompagnés plus d'une fois au temple bouddhiste, j'ai participé avec eux à la vie du village et aux évènements particuliers qui rythment la vie.
Chose je pense assez rare j'ai ainsi pu participer aux fiançailles traditionnelles d'une des cousines de Leuagn ce que personnellement nous avons évité car étant étranger et seul c'était un
petit peu compliqué et qu'en plus nous ne parlions qu'anglais avec mon amie ce qui fait qu'elle passait son temps à servir d'intreprête entre sa famille et moi.
En effet tout comme la cérémonie de mariage celle des fiançailles qui se déroule en moyenne un an avant répondent à un rituel ancestral bien
défini et ont la particularité de n'être en aucun cas des cérémonies religieuses au sens du bouddhisme theravâda (bouddhisme originel).
Ainsi il n'y a pas de cérémonie au temple et pas de bénédiction par un
prêtre.
Déroulement succinct :
Elle s'est déroulée uniquement au domicile des parents de la cousine de Leuagn qui habitent dans le même village en toute simplicité et sans apparat. Elle regroupait les deux familles et
quelques amis.
- Dans un premier temps le fiancé a offert à sa promise une bague ainsi
qu'un collier en or signe de son engagement et de son amour mais également ce qui est très important par ce cadeau une manière de montrer à sa future famille qu'il pourra sans problème
subvenir aux besoins financiers de sa promise.
- Ensuite chaque personne présente, dans un ordre établi, en premier le maître de cérémonie puis les grands
parents, les parents, les oncles et tantes et ainsi de suite, a placé au poignet gauche de chacun des d'eux fiancés un petit bracelet blanc en laine tressée réalisé au
préalable par les femmes âgées. Chaque bracelet est noué puis frotté légèrement (au niveau du noeud) et béni par quelques mots en Sanskrit.
Présents simples mais très forts ils devront être conservés durant quatre jours au minimum.
S'ils sont le signe de la bénédiction des membres ou amis présents ils représentent également leur accord et un souhait de
bonheur.
- Vient alors un moment important qui pour nous occidentaux peut paraître d'un autre âge mais qui en Isaan est toujours d'actualité, primordial et fait l'objet parfois de longues
discussions : la dot ou "sin sôt" arrêtée par les parents
proches.
- Après avoir trouvé un accord ils ont arrêté en gros la date du mariage et son déroulement.
Tout ceci a pris un bon moment et a fait l'objet de discussions serrées mais sans aucune animosité entre les deux familles les fiancés n'y participant pas. Une fois tout ceci terminé et transcris
sur un document un repas a été servi à l'ensemble des participants et la cérémonie s'est terminée.
Bien que simple cette cérémonie est réellement un engagement des deux fiancés. En cas de rupture par l'un ou par l'autre avant le mariage une indemnité à titre de dédomagement
pour dénonciation du contrat (car il s'agit bien d'un contrat entre les deux familles) correspondant au double du montant de la dot doit être donnée à l'autre partie.
Quand on sait que les dots (qui sont souvent rendues pour la moitié après le mariage à la jeune épouse) peuvent atteindre des sommes importantes (pour son calcul sont pris en considération la
beauté et la jeunesse de la femme et les revenus du futur époux) il est préférable de bien réfléchir avant de s'engager.
C'est vrai que pour nous occidentaux cela peut donner un peu l'impression "d'acheter sa promise" mais en fait c'est une tradition à laquelle on ne peut échapper et qui tient une place
importante pour les parents mais aussi pour la fiancée.
Ne pas payer de dot est comme un déshonneur pour toute la famille.
Vous allez me dire et pour moi alors qui suis maintenant marié avec Leuagn comment cela c'est-il passé?
Je vous répondrai simplement "mystère" ou plutôt "c'est notre
secret".
Je me permets de rédiger cet aricle aujourd'hui car demain sera un jour important pour la cousine de mon épouse.
En effet son mariage sera célébré ce samedi 9 janvier 2010 au domicile de ses parents.
A ce titre je lui adresse ainsi qu'à son futur mari mes meilleurs voeux de bonheur.
Gérard et Leuagn