Les Thaïlandais sont très imprégnés par le Bouddhisme Theravâda (Bouddhisme originel) qui plus qu'une religion est
d'avantage un mode de vie et de pensée, une éthique.
Il est au coeur de leur vie sociale et guide tel un rythme moral et spirituel tous les actes des habitants dans leur vie de tous les jours.
Dans les petites communes de l'Isaan il représente une véritable ligne de conduite à respecter en permanence comme c'est le cas dans le village de mon épouse BAN KHO situé à mi distance
entre Phen et Sangkhom.
Diverses cérémonies religieuses existent dont une qui concernent tous les habitants - hommes et femmes - avant leur départ ou leur retour d'un pays étranger que ce soit dans
le cadre d'un voyage touristique ou pour des raisons professionnelles.
Je ne sais si on trouve ce genre de cérémonie dans toutes les petites communes rurales d'Isaan mais je puis vous assurer qu'elle est systématique dans le
village de la famille de mon épouse et dans le village voisin mitoyen.
Cette cérémonie, simple mais touchante, est une manière de rendre hommage à Bouddha soit en demandant sa protection avant le départ pour
l'étranger ou pour le remercier au moment d'un retour pour avoir protégé la ou les personnes durant leur absence du village.
C'est
également une manière de faire la fête avec la famille et les amis que l'on va quitter ou que l'on n'a pas vu depuis longtemps mais c'est aussi un moyen d'obtenir une récompense au sens
bouddhiste du terme par l'offrande qui est faite au moine.
Toute la famille et amis y participent et il n'est pas rare de voir presque tous les habitants du village quand la ou les personnes sont particulièrement appréciées.
Parfois cette cérémonie peut se dérouler pour des personnes de familles différentes qui viennent de rentrer ou vont partir en même temps.
Personnellement j'y ai assisté plusieurs fois.
L'une d'entre elles me concernait directement bien que je ne sois pas officiellement bouddhiste (je ne peux nier que je trouve dans cette religion une véritable philosophie de vie au travers de
ce que j'ai vu mais aussi de ce que j'ai pu apprendre par mon épouse et par différentes lectures).
Ainsi en décembre 2008 le jour suivant mon arrivée dans la famille de Leuagn (nous n'étions pas encore mariés) ses parents et surtout sa grand mère (plus les personnes sont âgées et plus
elles sont influentes et se doivent d'être respctées) après avoir obtenu l'autorisation des prêtres du temple ont organisé pour moi une cérémonie de ce type.
De nombreux habitants de la commune que parfois je ne connaissais pas étaient présents et ont participé avec moi me montrant ainsi leur reconnaissance (ils savaient que je devais épouser Leuagn
et je pense qu'ils m'appréciaient).
Je peux vous assurer que j'ai été particulièrement touché et que ce fut pour moi un très grand
honneur.
J'ai également participé avec mon épouse quelque mois plus tard à celle d'un de mes beaux frères qui travaillant en Corée du Sud, est revenu trois ou quatre semaines environ dans son village,
lors de la naissance de son deuxième fils.
C'est à cette occasion que je me suis permis de prendre quelques photographies.
Toutes les cérémonies se déroulent de la même manière selon un rite immuable.
Tout commence le matin très tôt par une collation (véritable repas composé de plats traditionnels accompagné de boissons alcoolisés ou non) préparé par toute la famille au domicile. Tout le monde
y est invité.
Sur le coup de 9H30 - 10H00 tout le monde se regroupe à l'intérieur du temple sur la place puis une procession débute.
En tête de celle-ci on trouve d'abord l'intéressé qui tient dans les mains une assiette (à l'intérieur se trouvent les offrandes sacrées ainsi qu'une enveloppe contenant quelques billets)
qu'il offrira au prêtre un peu plus tard.
A côté de lui marchent les porteurs de fusées qui seront lancées à la fin de la cérémonie et derrière suivent toute la famille et amis.
Certains dansent car c'est un moment de fête.
Trois tours sont effectués lentement dans l'enceinte intérieure du temple avant que le cortège ne s'arrête.
C'est à ce moment que l'intéressé accompagné de deux ou trois membres de sa famille se rend dans un petit temple où l'attend un prêtre.
Après s'être prosterné trois fois il offre les offrandes et reçoit une bénédiction en Sanskrit (langage sacré des bouddhistes) ainsi qu'un petit bracelet en laine tressée que le prêtre lui met au
poignet gauche et qu'il devra conserver au moins trois jours.
Après s'être de nouveau prosterné il quitte le temple et rejoint les autres participants qui l'attendent sur la place.
Les fusées sont alors lancées dans le ciel et la cérémonie se termine mais tout le monde est invité à se rendre au domicile pour manger et boire selon leur bon vouloir.Certains viendront dans la
foulée, d'autres l'après midi et d'autres enfin le soir.
Ce n'est que très tard dans la nuit que cela se terminera.
Cérémonie simple mais importante elle montre l'attachement des habitants d'Isaan à leur religion et à ses coutumes.
Je sais que cette cérémonie a eu lieu aussi pour mon épouse en décembre dernier quand elle est arrivée dans sa famille et que la
prochaine fois que je m'y rendrai ce sera de même.
Je vais vous confier un petit secret.
A chaque fois qu'un prêtre (pha) ou un membre de sa famille m'a remis un bracelet de ce type avant de partir pour la France je l'ai gardé non trois jours mais jusqu'à mon retour suivant en Isaan
tant je suis amoureux de mon épouse et de sa région.
C'est une manière pour moi de lui montrer mon attachement à son pays, à sa
famille et de la remercier pour tout ce qu'elle me donne.
Gérard et Leuagn